Le Turbo de la Renault 5 Alpine : Performance et Héritage #

Section 1 : Historique et Contexte de la Renault 5 Alpine #

Lorsqu’en 1976, Renault lance la Renault 5 Alpine (connue sous le nom de Renault 5 Gordini au Royaume-Uni), l’objectif est d’enrichir une gamme citadine avec une sportive compacte capable de rivaliser avec des modèles tels que la Volkswagen Golf GTI, fraîchement arrivée sur le marché. Cette initiative intervient dans une période où le sport automobile s’invite de plus en plus dans la production de série, et où les constructeurs souhaitent démocratiser la performance réservée jusque-là à quelques privilégiés. Le choix de l’appellation « Alpine » témoigne de la collaboration directe avec la société Alpine Renault, basée à Dieppe (Normandie, France), et spécialiste reconnue de la préparation sportive et du rallye, en particulier grâce aux succès des années 1970 en compétition internationale.

L’année 1982 marque un tournant technologique, avec la sortie de la version suralimentée : la Renault 5 Alpine Turbo. Cette évolution résulte d’une volonté manifeste de Renault de répondre à la montée en puissance des berlines survitaminées, telles que la Peugeot 104 ZS2 ou encore la montée en performance des constructeurs italiens et allemands. Sur le marché britannique, ce modèle prend alors le nom de Renault 5 Gordini Turbo. L’ajout du turbo permet de combiner une silhouette familière et urbaine à des performances auparavant réservées aux coupés ou aux productions à la diffusion limitée. Cette démocratisation de la puissance, sans sacrifier l’agilité urbaine ni l’accessibilité financière, propulse la R5 Alpine Turbo au rang de référence des compactes sportives françaises du début des années 1980.

• 1976 : lancement de la première Renault 5 Alpine (atmosphérique 93 ch).
• 1982 : apparition de la version turbo (en réponse à la compétitivité du marché compact sportif européen).
• Nom alternatif « Gordini Turbo » au Royaume-Uni, pour raisons de droits de marque.
• Collaboration directe avec Alpine Renault, spécialiste du rallye mondial.

Section 2 : Le Moteur Turbo : Technologie et Spécifications #

Le point central de la Renault 5 Alpine Turbo repose sur son moteur 1.4 L (1 397 cm³) doté d’un simple turbo Garrett T3. Cette suralimentation relève d’une véritable prouesse d’optimisation : le bloc d’origine, issu de la Renault 5 TS, bénéficie d’un arbre à cames plus pointu, d’un taux de compression abaissé à 8:1 et d’un refroidissement des pistons renforcé. Selon les rapports d’époque et les données fournies par Renault, la puissance atteint 110 ch à 6 000 tr/min et le couple maximal grimpe à 147 Nm à 4 000 tr/min, propulsant l’auto de 0 à 100 km/h en 8,7 secondes pour une vitesse de pointe supérieure à 180 km/h sur les versions les plus affûtées[4].

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La gestion de la suralimentation s’appuie sur un carburateur Solex 32 DIS adapté à la pression, dont la calibration reste particulièrement sensible, couplé à un allumage électronique Motorola. L’adjonction d’une wastegate externe permet de maîtriser la pression, assurant un équilibre entre puissance et robustesse mécanique. Certains préparateurs de renom, tels qu’Alain Serpaggi, ingénieur-essayeur chez Renault, ont été impliqués dans le développement et le perfectionnement du système de suralimentation.

• Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 397 cm³, turbo Garrett T3.
• Puissance constructeur : 110 ch (82 kW) à 6 000 tr/min.
• Couple max. : 147 Nm à 4 000 tr/min.
• Accélération : 0 à 100 km/h en 8,7 s ; max : env. 180 km/h.
• Alimentation : carburateur Solex 32 DIS suralimenté.
• Pièces spécifiques : pistons Mahle, bielles forgées, joints renforcés, refroidisseur d’air spécifique, surfaçage des sièges de soupape, soupapes d’échappement sodium.

En version rallye Groupe 2 puis Groupe 4, ce bloc atteint jusqu’à 160 ch, la suralimentation pouvant monter à 0,8 bar, grâce aux préparations validées en compétition officielle par Renault Sport (division moteur basée à Viry-Châtillon). Les pièces à surveiller sont la wastegate, les durites (risque de fuites à la jonction collecteur), le refroidisseur d’air, et le joint de culasse sensible à la surpression.

Section 3 : La Renault 5 Alpine dans le Monde du Rallye #

Le transfert de la technologie turbo de la série à la compétition impacte profondément la carrière de la Renault 5 Alpine en rallye. Dès ses débuts, elle figure sur la liste d’engagements des épreuves nationales et européennes, rivalisant avec des modèles à la réputation bien établie tels que la Fiat Ritmo 130 TC ou la Talbot Sunbeam Lotus. Renault Sport développe des kits d’évolution dédiés à la compétition, comprenant un turbo à géométrie optimisée, un système de suralimentation à pression variable, ainsi qu’une suspension renforcée, à rotules Uniball et amortisseurs Bilstein.

Les résultats sportifs marquants découlent d’un travail d’allégement intense et d’un abaissement du centre de gravité. Les victoires en Championnat de France des Rallyes 1981 et 1982, les podiums dans diverses manches européennes telles que le Tour de Corse et le Rallye Monte-Carlo, assoient la réputation de fiabilité et de puissance instantanée du modèle. L’ajout du turbo permet à la Renault 5 Alpine de se confronter aux modèles à la cylindrée supérieure, tels que la Porsche 924 Turbo, tout en profitant d’un poids inférieur et d’une agilité hors norme, notamment sur routes sinueuses et abîmées.

• Participations emblématiques : Tour de Corse, Rallye Monte-Carlo, Rallye des Cévennes
• Préparateurs de référence : Renault Sport – Viry-Châtillon, Danielson (France), Oresti Rallye (Espagne)
• Palmarès : Titres en Championnat de France des Rallyes, victoires de classe, podiums européens
• Événements marquants : passage de Groupe 2 à Groupe 4, introduction de la gestion électronique proto, tests avec pilotes comme Jean Ragnotti

L’effet du turbo en rallye se traduit par une forte motricité, une capacité d’accélération hors normes en sortie de virage et une réponse moteur modifiable selon les épreuves. Le travail des équipes de Renault Sport sur la fiabilité des composants mécaniques, face aux sollicitations extrêmes, demeure un exemple d’intégration compétitive d’une technologie de série.

Section 4 : Modifications et Améliorations du Turbo #

L’essor de la Renault 5 Alpine Turbo au sein des amateurs de préparation automobile s’explique par la grande marge d’évolution offerte par le bloc moteur et le système de suralimentation. On observe une multiplication de préparateurs spécialisés en Île-de-France, dans l’est de la France et en Belgique. Le parc circulant actuel laisse place à des modifications variées, tant pour l’usage routier sportif que pour la participation à des track days ou compétitions historiques (Tour Auto Optic 2000, Rallye Monte-Carlo Historique).

En matière d’optimisation, la clé reste l’équilibre entre augmentation des performances et conservation de la fiabilité d’origine. Certaines préparations intègrent un échangeur air/air plus dimensionné, des collecteurs d’échappement en Inconel, des soupapes renforcées, un gestionnaire électronique programmable (type ECU Megasquirt), et un système de lubrification surdimensionné. On remarque que Renault Classic (département héritage de Renault) recommande de ne pas dépasser 1 bar de pression sans modification interne significative.

• Améliorations fréquemment réalisées :
  • Remplacement du turbo Garrett T3 par un T25 adapté aux montées en régime rapides.
  • Installation de pistons forgés JE ou Mahle pour supporter des pressions supérieures.
  • Mise en place d’un radiateur d’huile supplémentaire pour limiter la température lors d’une sollicitation accrue.
  • Adjonction d’une gestion électronique (ECU programmable).
• Pièges à éviter :
  • Pression de suralimentation excessive sans adaptation des bielles ni des segments de piston.
  • Sous-dimensionnement du système de refroidissement du turbo (risque de casse du palier central).
  • Montage de carburateurs inadaptés (mauvais mélange air/essence, apparition de cliquetis prématurés).

Une approche cohérente suppose que chaque montée en puissance soit assortie d’un renforcement méthodique des composants structurels. Ignorer cet équilibre réduit nettement la durée de vie du moteur et affecte la fiabilité générale de la R5 Alpine Turbo. Notre expérience tend à montrer qu’il vaut mieux viser une puissance de 130 à 140 ch fiables que de franchir le seuil des 150 ch sans adaptation professionnelle.

Section 5 : Entretien et Fiabilité du Turbo #

Avec la généralisation de la suralimentation, les procédures d’entretien de la Renault 5 Alpine Turbo connaissent des spécificités incontournables. L’examen régulier des joints de turbo, le contrôle précis des circuits d’huile (pression et température), et le remplacement périodique des bougies NGK BP7ES figurent parmi les opérations prioritaires rapportées par les clubs de collectionneurs tels que le Club Alpine Renault. La fréquence des vidanges doit être resserrée : tous les 5 000 à 7 000 km, avec une huile synthétique 10W60 ou 15W50 normée haute température, afin de préserver les paliers du turbo et la segmentation.

Les statistiques montrent que la fiabilité du turbo sur une base non modifiée demeure correcte, pourvu que l’utilisateur respecte un temps de chauffe et de refroidissement moteur scrupuleux. Les incidents majeurs recensés sont essentiellement liés à :

• Montée en température excessive (usage intensif sans refroidissement latéral suffisant ou arrêt moteur brutal après forte sollicitation).
• Défaut d’étanchéité de la wastegate provoquant une pression excessive, causant la rupture du joint de culasse.
• Dégradation prématurée des segments (symptôme : surconsommation d’huile, perte de pression de turbo).
• Fuites de durites entraînant une baisse brutale de puissance (trouvé lors de contrôles sur piste par Renault Classic).

Nous conseillons, pour un usage régulier voire intensif, d’équiper le système de surveillance de température turbo d’une sonde spécifique greffée sur la culasse, d’utiliser des fluides de refroidissement à haut pouvoir caloporteur, et d’adopter une procédure de refroidissement à l’arrêt (laisser le moteur tourner 30 à 60 secondes après sollicitation).

Section 6 : Les Meilleurs Forums et Ressources pour Passionnés #

L’engouement autour de la Renault 5 Alpine Turbo s’accompagne d’une communauté très structurée, dont l’expertise terrain s’avère précieuse pour l’entretien, la restauration ou la préparation mécanique. Parmi les plateformes incontournables figurent :

• Forum Auto (France, généraliste, section Renault Sportives ancienne, topics et tutos techniques détaillés)
• Groupe Facebook « Renault 5 Alpine Passion » (plus de 4 800 membres actifs en 2024, partage d’expériences et d’annonces)
• Club Alpine Gordini (événements type Rassemblement annuel de Dieppe, bourse d’accessoires spécifiques, documentations d’époque digitalisées)
• Portail Renault Classic (catalogue de pièces détachées d’origine, guides de restauration, vidéos de rénovation)

L’accès régulier à ces espaces de discussion facilite le partage de solutions concrètes, la recommandation de professionnels réputés (Garage du Losange à Lyon, Atelier Danielson à Villeneuve-la-Guyard), ou l’achat de pièces rares via des filières certifiées. L’organisation de rassemblements nationaux, comme le « Trophée Alpine », favorise l’échange de bonnes pratiques et la préservation du patrimoine mécanique français.

Section 7 : L’Avenir de la Renault 5 Alpine Turbo #

La montée en puissance des véhicules électriques transforme le paysage, mais ne relègue pas la Renault 5 Alpine Turbo à l’anecdote. Depuis 2021, Renault Group a présenté plusieurs show-cars s’inspirant du design iconique de la R5. Le Renault 5 Prototype, dévoilé au salon de l’auto de Munich en 2021, annonce une réinterprétation électrique, tandis que la Renault 5 Turbo 3E, présentée en 2025, propose 540 ch électriques, 0 à 100 km/h en moins de 3,5 secondes et un couple instantané de 4 800 Nm, redéfinissant la notion de super-compacte sportive[3].

Nous assistons à une double dynamique. D’une part, la valorisation croissante des modèles thermiques historiques sur le marché des véhicules de collection (prix moyen entre 28 000€ et 45 000€ pour une Alpine Turbo restaurée en 2024), et d’autre part, la transmission de l’ADN Renault 5 Alpine dans des versions zéro émission, soutenues par un design nostalchic et une technologie de pointe.

• Relance de la gamme « R5 » sous forme de citadine électrique (2024-2025).
• Lancement de la Renault 5 Turbo 3E (540 ch, 70 kWh, 350 kW recharge), clin d’œil moderne à la compétition et à la philosophie Alpine.
• Débats sur la préservation des sportives thermiques à travers les événements tels que Goodwood Festival of Speed (Royaume-Uni, juillet 2024).
• Conservatoires : Renault Classic joue un rôle croissant dans l’éducation à l’histoire sportive de la marque.

Conclusion : Héritage et Passion autour de la Renault 5 Alpine Turbo #

Au fil des décennies, la Renault 5 Alpine Turbo préserve une aura rare dans la sphère automobile française, en conjuguant esprit d’innovation et accessibilité. Son suralimentation pionnière a permis aux passionnés de la route comme de la piste de rivaliser avec les blasons prestigieux, tout en renforçant le sentiment d’appartenance à une communauté riche et soudée. Alors que la révolution électrique impose ses codes, nous constatons chez Renault une volonté manifeste d’intégrer l’héritage Alpine à l’ère contemporaine, tant sur le plan du design que de l’expérience pilote. Rejoindre les rangs des amateurs de Renault 5 Alpine Turbo, c’est participer à la préservation d’un patrimoine vivant et inspirant, ancré dans la passion et l’ingéniosité mécanique. La place grandissante qu’occupent ces autos lors d’événements majeurs atteste : la légende du turbo n’est pas près de s’éteindre.

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